Partir. Cette interruption jalonne le flux des exis-tences, poursuivant alors sous forme de bifurca-tion ou de dérive. À l’échelle ample de masses ou individuellement, souvent par nécessité -survivre- , par curiosité ou lassitude, quelles que soient les raisons du départ, toutes convergent vers la projection d’un renouvellement. Le départ s’accompagne de cette question cruciale, qu’emporter avec soi ? Qui entraine derrière elle en négatif, que laisse-t- on ?

Avant-tout, on abandonne un lieu. Des lieux vidés, plongés ainsi dans un arrêt, dont le départ ne cesse de s’émietter. Habités par le passé et désertés par le futur, l’écoulement du temps est brisé, laissant le flux infini du passé contraint à se tordre en lui-même. Une terre, un habitat, un objet, la chose ainsi abandonnée s’érode sous la force du passé, jusqu’à ce qu’un successeur fortuit relance/libère à travers son passage le continuum du temps. Que faire de ce qui s’est brisé ? De ce départ, il ne reste que des débris et l’llusoire possibilité de reconstituer «l’unité origi-naire de ce qui s’est passé» 1 . De la profusion des éclats il n’est pas question de restaurer, mais de créer dans l’écart laissé par la fragmentation et la disparition, depuis sa propre matière. On tente de piéger la lumière pour la restituer alors qu’elle s’est enfuie, de forer le temps (géolo-gique) éclaté d’une généalogie virtuelle.

Briser le temps permet de créer des entre-deux, des passages vers des zones de libertés : l’es-pace déserté peut recevoir une nouvelle expé-rience qui par contraste en sera plus intense. C’est depuis ces espaces que l’on peut actua-liser le passé, reconnaitre sa trace dans le présent et résister à sa disparition. Or, et pour terminer sur les mots de Faulkner, «le passé n’est jamais mort, il n’est même pas passé»...

Le projet a bénéficié de l’accompagnement du Ministère de la Culture – DRAC Nouvelle-Aquitaine, de la Région Nouvelle-Aquitaine, du Département des Pyrénées-Atlantiques, de la communauté d'Agglomération Pays basque, de la Communauté de communes Porte Océane du Limousin et de l'association la réciproque.
Les œuvres ont été présentées au Centre d’art Image/imatge à Orthez et au CEAAC de Strasbourg, témoignant d’un engagement commun en faveur de la création contemporaine et des savoir-faire d’exception.